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L'histoire détaillée de Haralik        Page 1       

Histoire précédente: Le systéme solaire de Haralik

Second cycle: L'histoire détaillée de Haralik

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L’histoire détaillée de Haralik et Antakaralik

 

Ceci est la version détaillée, sur le même plan que la version courte (Voir ici)

Dans cette version certains passages de guerre sont plus détaillées, et peuvent être choquants.

 

 

La géographie de Haralik

 

Haralik est une grande planète (2.2 masses terrestres) qui tourne autour d'une étoile jaune un peu plus grande que le Soleil. Une tectonique des plaques très active a donné à Haralik a une géographie complexe et variée, avec plus de 18 continent et des myriades d’îles et de lacs. Les montagnes sont nombreuses, mais dépassent rarement 3000 mètres. Elles contiennent de nombreuses petites mines de métaux variés. Les volcans sont également très nombreux, mais de petite taille, ce qui les rend relativement peu dangereux. Cette géographie morcelée a souvent rendu les communications difficiles, et a largement favorisé l’apparition de nombreuses petites communautés isolées.

A cause de la proximité des deux planètes hyper-géantes Foréal et Souphion, Haralik est soumise à un cycle de glaciations très court, 455 ans seulement, au lieu des 40 000 ans sur la Terre. Ce cycle est connu depuis la préhistoire, et il est appelé grande année. Pendant un grand été, le climat est plus favorable à l'expansion de la vie dans les zones tempérées, alors que pendant le grand hiver il favorise davantage les régions équatoriales. En périodes défavorables, les civilisations ont tendance à dégénérer, sans toutefois que les populations ne disparaissent.

Ces conditions ont exercé une forte pression évolutive sur la vie de Haralik, et aussi sur l'histoire des civilisations. Ainsi les êtres intelligents, les phallos, sont apparus après seulement 2.2 milliards d'années. De plus le morcellement des terres habitables en 18 continents de relativement petite taille a favorisé l'apparition de nombreuses races. 14 sont historiquement connues, mais les légendes en mentionnent plus de 40 au total. Seules six existent encore de nos jours.

 

 

Les temps anciens.

L’Histoire la plus ancienne ne mentionne que les phallos. L'Histoire des phallos est celle de trente mille ans de guerres raciales incessantes, qui, avec l'alternance de Grands Etés et de Grands Hivers, ont longtemps empêché l'apparition de civilisations stables. Mais depuis cinq mille ans, est apparue une nouvelle donne: les phallos, guerriers stupides, sont de plus en plus nombreux à se transformer en likpas, pacifiques, sages et rigolos. Ce phénomène, d'abord discret, prend de plus en plus d'ampleur avec le temps, et ni les massacres, ni les éliminations à la naissance n'ont jamais pu empêcher la proportion de likpas de croître continûment. Il n'y a en fait aucune différence génétique entre les phallos et les likpas: à chaque race de phallo correspond une race de likpas. Les phallos ont tous la possibilité de devenir des likpas, mais en général le manque de maîtrise de leur psychologie ne leur permet pas de faire le bon choix d'accéder à la vie harmonieuse des likpas. L'apparition des likpas constitue donc une évolution supplémentaire, mais dans le domaine psychologique au lieu du domaine strictement biologique. Toutefois il est clair que le fait de rester phallo bloque le développement de certaines zones du cerveau. On peut donc considérer que c'est une forme d'arriération mentale.

L'alternance de grands étés et de grands hivers a d'abord été plutôt néfaste à l'apparition des civilisations. De nombreuses civilisations antiques ont existé le temps d'une grande saison favorable, mais il a fallu plus de trente mille ans pour qu'apparaisse une première civilisation capable de survivre à une grande saison défavorable. Des découvertes archéologiques récentes tendent à confirmer ce schéma, dans la mesure ou on a trouvé des restes d’installations éliktriques dans des ruines vieilles de plus de dix mille ans. Probablement ces avancées technologiques ont-elles été éliminées par des grandes saisons défavorables, ou plus probablement par les innombrables guerres raciales.

Pendant dix-sept autres grandes années, la civilisation s'est répandue sur Haralik. Cette période est extrêmement complexe, et elle a été marquée par de très nombreuses guerres raciales entre phallos, ainsi que par l'apparition des premiers pays habités par seulement des likpas. Ces pays ont essuyé de nombreux revers militaires, mais curieusement aucune race n'a disparu à cette époque. Il semble au contraire que la proportion de likpas (ou le degré de likpatitude) ait augmenté lentement mais régulièrement avec le temps, et ce malgré la terrible contre-sélection effectuée par les phallos de toutes les époques.

 

L'Histoire

Cette époque est connue grâce aux survivants d’Antakaralik, sur le grand continent de l’Arnolike. Le reste n’est connu que par les fouilles archéologiques, ou par des récits de voyageurs phallos plus ou moins fiables.

L'augmentation du nombre des likpas a permis l'apparition des premières civilisations stables, modernes, capables de survivre à un grand hiver, et surtout des premiers pays gouvernés seulement par des likpas. Ainsi, au cours du 58eme grand été, la coalescence de communautés plus petites, quelques victoires militaires et l'influence bénéfique de plusieurs religions a permis pour la première fois l'émergence d'un grand pays likpa: l'Arnolike, non pas sur les ruines des phallos, mais en continuité avec eux. Ce qui explique que les likpas de l'Arnolike vivaient surtout dans des villes, ne se reconvertissant que progressivement à une vie plus campagnarde (ce que l'on a appelé l'exode rural).

Une fois cette situation consolidée, l'Arnolike est devenue le centre d’une brillante civilisation likpa.

Le niveau technique de l’Arnolike était, semble t-il, partagé par les pays phallos voisins, et vraisemblablement sur toute la planète. Mais les nombreuses haines raciales et interdictions de voyage empêchaient les likpas de voyager loin en dehors de l’Arnolike, ce qui explique leur ignorance quasi-totale de ce qui se passait ailleurs.

Toutefois les likpas roses à antennes de l’Arnolike avaient déjà une bonne connaissance de leur environnement immédiat:

-A l’ouest, le grand continent de Mamalik, peuplés des Mamphallos qui n’avaient que peu de likpas, car ils avaient toujours suivi une politique stricte d’élimination à la naissance.

-Au nord, le pays des phallos roses, (ceux des likpas roses à antennes), assez hostile, qui barrait le passage vers la presqu’île de Karélik, où les likpas-lyres vivaient en harmonie avec leurs Karphallos.

-A l’Est, des régions de montagne morcelées en différent pays de phallos alternant avec des communautés de likpas.

-Au sud, le grand océan d'Ournéon au centre duquel se tenait Auweara, une île merveilleuse de fleurs et de papillons, peuplée par les Likpas de Paradis, beiges avec des antennes multicolores. Ces derniers n’avaient plus de phallos depuis des temps immémoriaux. Mais, afin d’éviter de s’attirer une guerre, ils déclinèrent toutes les invitations d’alliance avec les likpas de l’Arnolike.

 

La Grande Guerre Mondiale

La guerre mondiale a débuté brusquement, par une attaque sans préavis des Mamphallos. Leurs colonnes de chars auraient pu envahir toute l’Arnolike en quelques jours, si les likpas ne s’étaient pas sagement préparés en secret à une telle éventualité. Leur stratégie reposait surtout sur d’immenses usines d’armement secrètes, dans l'immense base sous les montagnes d’Antakaralik.

Antakaralik, un réseau de grottes et d'anciennes mines dans les montagnes du même nom, a été habité depuis des temps immémoriaux, par les phallos puis par les likpas. Toutefois cette occupation se concentrait surtout près des entrées. De cette époque restent encore aujourd’hui des quantités de peintures rupestres (dont la plus ancienne représentation connue d’antennes) et des salles aménagées en temples avec d’immenses statues d’une religion oubliée. Au fil des millénaires ces anciens temples avaient servi de tombeaux, de dépôts, de prisons. Mais les usines modernes ont été dès le début installées plus en profondeur.

L’occupation moderne d’Antakaralik a commencé avec l’exploitation des immenses mines dans les profondeurs de la montagne, ainsi que par la construction des quatre grandes centrales éliktriques sur le fleuve souterrain. Conscients du risque d'attaques gratuites par tous leurs belliqueux voisins, les likpas y installèrent d’interminables rangées usines, mais aussi leurs écoles de techniciens et d’ingénieur, leurs laboratoires et toutes leurs banques de données.

Ainsi, quand les colonnes de chars des Mamphallos de Mamalik entrèrent en Arnolike, ils eurent la très désagréable surprise d’être immédiatement freinés par des défenses anti-char surgissant du sol comme par magie, tandis que des nuées de partisans insaisissables les harcelaient de roquettes anti-char d’une efficacité surprenante. Puis ils se retrouvèrent pris en tenaille entre deux murs de chars crachant des nuées d’obus anti-chars à charge creuse. Et derrière chaque mur il y avait un autre mur, et ainsi de suite.

On dit que les Portes Noires d’Antakaralik vomirent des colonnes continues de chars pendant trois jours, et il continua à en sortir une file ininterrompue au rythme de la PRODUCTION! En quelque jours le blitz-krieg des Mamphallos se transforma en blitz-gamelle et les likpas de l’Arnolike envahirent tout Mamalik, sans rencontrer de résistance significative.

Une des plus étranges histoires de cette guerre fut celle de l'Autoroute de la Concorde, reliant les deux pays en gage de paix, que le président des Mamphallos avait inaugurée en grande pompe juste quelques jours avant d'ordonner l'attaque. Bien entendu, les chars phallos avaient là un itinéraire tout tracé pour pénétrer profondément chez les likpas. Mais ces derniers s'étaient méfiés d'une aussi touchante initiative: sous prétexte d'une ligne éliktrique, des galeries avaient été aménagées sous l'autoroute, tout le long des 200 kilomètres qui traversaient l'Arnolike. Ces galeries furent bourrées d'explosifs la nuit même suivant l'inauguration... Ainsi les likpas n'eurent qu'à attendre que la colonne des chars envahisseurs s'étende sur toute la longueur de l'autoroute, pour amorcer les explosifs... 5000 chars en un seul coup! Ceux qui ont entendu l'explosion en parlent comme d'un bruit étrange et effroyable, comme si une gigantesque moto avait parcouru le ciel de l'Arnolike.

Comme les autres pays phallos à l'est de l’Arnolike s’étaient joints aux Mamphallos pour attaquer par l'est, les likpas les envahirent aussi, à l’exception des phallos roses du nord, qui avaient préféré rester neutres par haine des Mamphallos.

Tous ces pays furent mis sous tutelle likpa. Ainsi les likpas se retrouvaient maîtres du plus grand bloc ayant jamais existé sur Haralik. La guerre leur avait permis de faire la jonction avec les petits pays de likpas à l’est de leur continent, mais le prix a payer avait été toutefois fort lourd pour ces pays de l’est: faibles, isolés et sans armement, ils avaient été une proie facile pour le génocide enclenché par les phallos de l'est, lors de l’attaque. Beaucoup avaient été surpris au lit, et les autres n’avaient survécu qu’en se cachant dans les montagnes. Au moment de la Guerre Nucléaire ils étaient encore peu nombreux.

 

Les soixante Années Magnifiques

Les soixante années qui ont suivi la Guerre Mondiale ont été les plus belles de l'histoire de l'ancienne Haralik, avant la Guerre Nucléaire. Le progrès technologique a permis d'extraordinaires découvertes, et les likpas envisageaient d'envoyer leurs premiers satelliks dans l'espace. Ils se souvenaient toutefois de la leçon de la Guerre Mondiale, ne désarmant pas et continuant à aménager Antakalalik en une immense machinerie technologique et scientifique. C'est ce qui leur a permis la survie, plus tard.

En surface, tout l'Arnolike se développa en un très beau pays où les villes devenaient moins importantes. La paix favorisa les arts, les études scientifiques et les pratiques spirituelles. L'Arnolike devint un foyer de culture et de civilisation comme jamais vu sur une Haralik ravagée par les guerres raciales depuis des temps immémoriaux. Même le spectre de la guerre semblait s'éloigner, avec de nombreuses lois plus tolérantes et démocraciques dans les pays phallos voisins.

 

La Guerre Nucléaire.

Quand les likpas découvrirent la fission de l’uranium, ils comprirent très vite le danger qui les menaçait. Ils aménagèrent Antakaralik en un immense abri anti-atomique, constituant des stocks de toutes les ressources possibles. Ils lancèrent le développement de puissants avions de chasse. Mais il était déjà bien trop tard: de fortes retombées radioactives avaient déjà eu lieu des années avant, indiquant que des phallos avaient déjà commencé une guerre nucléaire, quelque part à l'autre bout de Haralik. La fin n'était plus qu'une question de quelques années.

 

On ne sait pas exactement quand la guerre nucléaire a commencé, car d’importantes retombées radioactives avaient déjà eu lieu des années avant les premières explosions sur l’Arnolike, et les engins qui l’ont détruite étaient déjà des modèles sophistiqués de forte puissance, de type FFF. On n’a jamais su non plus qui fabriquait les bombes, qui les lançait ni pourquoi.

On pense seulement que c’étaient des phallos, car jamais des likpas n’auraient été assez fous pour seulement songer à utiliser des armes qui détruiraient leur propre descendance.

Le premier coup connu fut pour la merveilleuse île d'Auweara. Les paisibles likpas de paradis avaient accepté, juste quelques jours avant, une antenne médicale de l’Arnolike, pour des recherches sur une maladie génétique fréquente chez eux. C’est probablement son émetteur radio qui a attiré l'attention des agresseurs. Le dernier message signalait un gros avion inconnu survolant Auweara à haute altitude, puis l’émission cessa brusquement dans un gros craquement de parasites, tandis qu'une étrange lueur illuminait le ciel à des centaines de kilomètres à la ronde. Le premier navire à revoir Auweara, le lendemain, ne retrouva qu'une plaine de chaux vive, d'où émergeaient les trois collines de basalte et la Spyramide antique des likpas de paradis, complètement vitrifiées, là où la veille une merveilleuse forêt s'enchantait de poésie, de beauté et de chants. Il fallut plus d’une semaine pour comprendre ce qui s’était passé, car personne ne savait que des machines de destruction aussi effroyables puissent exister.

Des milliers d’espèces de papillons et de fleurs de l’ineffable paradis d’Auweara, des merveilleuses antennes multicolores des likpas de paradis, il ne restait que quelques photos.

Le second coup fut pour Karélik, le pays où les likpas-lyres vivaient en harmonie avec leurs maîtres les karphallos. Des likpas-lyres, roses aux longues antennes gracieusement recourbées, il ne reste que quelques heures d’enregistrement musicaux, des opéras d'une sublime beauté, dont le livret est perdu. Et personne n'ose les écouter, à cause de la gigantesque nostalgie attachée à l'oblitération de tels artistes.

Après s’enchaîne une atroce litanie de villes en feu, de couches de corps carbonisés, de millions de réfugiés aveugles et affamés cherchant en vain un impossible abri.

Antakalalik joua à plein son rôle d’abri, mais il s’avéra vite très insuffisant. Des dizaines de milliers de blessés s’y entassaient, sans nourriture et sans espoir d’être soignés un jour.

Antakaralik reçut trois coups au but, d’engins de forte puissance explosant à même le sol. Heureusement, l’immense réseau de galeries naturelles ou artificielles s’étendait sur plus de cent kilomètres. Antakaralik n’a que peu souffert des coups directs, mais ce fut une expérience terrifiante pour ses habitants.

 

Puis il y eut la Grande Epidémie. En l’espace de deux jours, les likpas de l’Arnolike se sont mis à mourir en masse d’une sorte de grippe. Comprenant qu’il n’était même plus question de sauver des gens, mais de sauver l’existence même de leur espèce, les likpas d’Antakaralik ont immédiatement fermé les portes. Et, comme d’innombrables réfugiés tentaient de les forcer, ils ont dynamité les couloirs d’accès. Ce fut une décision horrible, car de nombreux habitants d’Antakaralik avaient encore des amis ou des époux à l’extérieur. Personne n’ose penser à ce qui s’est ensuite passé dehors, les derniers survivants désespérés mourant de faim, de froid, de maladie ou d’irradiation.

La Grande Epidémie frappa aussi les phallos. Mamalik vit une effroyable peste qui couvrait le corps de furoncles noirs. D’autres mourraient dans d’atroces douleurs ou dans d’épouvantables convulsions. En quelques effroyables journées, toutes les immenses villes de Haralik se changèrent en charniers pourrissants à l’air libre. Puis ce fut un silence définitif, sur un monde mort… La Grande Epidémie a éliminé les phallos sur toute Haralik. Tous les phallos, innocents ou coupables.

La dernière bombe thermonucléaire a explosé un mois plus tard sur un continent désormais désert. L’épidémie n’avait probablement pas atteint les abris des lanceurs de bombes, mais elle avait neutralisé le tissus industriel qui permettait leur fabrication.

On s’est longtemps demandé ce qui avait provoqué ces effroyables épidémies. Il est généralement admis que des phallos inconnus ont lancé une offensive de guerre biologique, et que des likpas y auraient répondu de la même façon, mais avec des virus sélectivement anti-phallos. L’idée que des likpas aient pu se servir de l’arme biologique est extrêmement choquante, mais le fait est que sans cette action désespérée, toute vie aurait pu disparaître complètement de Haralik.

 

Antakaralik: l’obscurité, la survie.

Près de soixante mille likpas roses et vingt mille d'autres races se sont retrouvés enfermés dans une Antakalalik chaotique. Et seulement quelques dizaines de doudounelles. Les likpas pouvaient s’accommoder d’une vie souterraine, mais pas elles.

Cela posa vite un redoutable problème: la reproduction.

Dans un premier temps, les métamorphoses permirent d’avoir plus de doudounelles. Par des contrôles hormonaux, elles donnaient uniquement des likpas, jumeaux ou quadruplés. On imagine la situation: les doudounelles devaient commencer à procréer très jeunes, et accepter de voir leurs utérus gérés comme des usines à bébés, ce qui permettait à chacune d’entre elles d’avoir de cinquante à cent descendants. Mais passé les quelques années de reproduction, il leur fallait sortir. Retrouver les arbres et le ciel. Et renoncer à jamais à la reproduction, se condamner à mort, à cause des radiations.

Les autres problèmes, l’énergie, la nourriture, le maintien des connaissances, n’étaient pas non plus faciles à résoudre. Les likpas commencèrent par synthétiser toute leur nourriture, dans leurs usines chimiques. Tout synthétiser, des protéines aux vitamines, dans des cuves qui avaient servi à faire des explosifs. Comme cela ne suffisait pas, ils durent construire d’immenses serres hermétiques, à l'extérieur, pour pouvoir se nourrir sans exposer leurs cultures aux pluies et poussières radioactives.

En surface, la nature retrouvait rapidement ses droits sur un continent désormais désert. Mais la plupart des sols étaient sérieusement contaminés au strontium ou au césium.

Sans compter le risque encore possible d’une attaque armée par des phallos qui auraient survécu quelque part.

Afin de parer à ce risque, Antakaralik maintenait un réseau de récepteurs radio. Mais le nombre d’émetteurs dans le monde allait en déclinant inexorablement, et seulement douze ans après la Fermeture d'Antakaralik, toutes les bandes radio étaient devenues complètement silencieuses. Le plus souvent les émissions cessaient brusquement, mais parfois leurs auteurs annonçaient la fin. Des dernières émissions extrêmement pathétiques ont été enregistrées… Certaines races de likpas ne sont connues que par ces émissions, comme les likpatinis, les plus rigolos avec leurs antennes à grelots, dont le siège, la défaite et le massacre ont été enregistrés en direct, sans que personne ne puisse rien faire pour les aider. Des likpatinis, il ne reste que des ruines, quelques livres étranges et émouvants, et un génôme incomplet, inutilisable.

Mais le problème le plus vicieux fut celui de l’accumulation de maladies génétiques, le plus terrible effet à long terme des retombées radioactives. Toute la première génération d’Antakaralik avait été irradiée, et au fil des siècles les maladies génétiques récessives iraient en s’accumulant, détruisant irrévocablement la communauté d’Antakaralik et toutes les autres communautés de survivants. Les likpas étaient condamnés.

Pour toutes ces raison, les efforts scientifiques d’Antakaralik portèrent presque exclusivement sur deux sujets: la fusion thermonucléaire, et la manipulation du code génétique.

 

Deux cent ans après la Fermeture, en plein grand hiver, les likpas n'étaient plus que huit mille à Antakalalik, leur biodiversité n'existant plus que sous forme de morceaux de cadavres conservés sous azote liquide.

Mais une nouvelle flamme violette luisait dans les entrailles de la montagne: le feu thermonucléaire! Ce surcroît d'énergie permit les cultures dans les grottes, grâce à de puissantes lampes. A peu près au même moment, les premiers gènes furent codés sous forme électronique, puis retranscrits à nouveau en molécules vivantes. De puissants ordinateurs enregistraient les génomes de tous les survivants, et des morts, pour y traquer les maladies génétiques et autres mutations délétères. Et sauvegarder le plus d'allèles possible, la plus grande biodiversité: il faut plus de mille génomes pour réellement sauver une race!

Le nombre de likpas diminua encore à aussi peu que cinq mille, mais dorénavant leurs gènes étaient en sûreté dans les mémoires des ordinateurs, surtout les races les plus minoritaires. Il fallut encore plus d'un siècle pour pouvoir confier toute la formation d'un bébé à des machines, mais les likpas y sont arrivés: les premières Mères commencèrent à repeupler Antakaralik d'êtres en parfaite santé, malgré la pollution radioactive qui recouvrait encore la région. Ainsi les likpas ont pu se reproduire à nouveau, malgré les radiations, grâce à la procréation assistée par ordinateur (PAO): insémination par des ovules au génome nettoyé et reconstitué à partir de fichiers informatiques codant pour le génome des parents. Sans les Mères personne n'aurait pu survivre dans les grottes, et leur communauté aurait fini par s'éteindre.

L'assistance génétique permet également une longévité de 1000 à 2000 ans, au lieu des cent ans des likpas nés naturellement.

 

Petit à petit, la pollution nucléaire diminuait, et au moins elle ne menaçait plus leurs descendants. Les likpas ressortirent d'Antakaralik, s'enhardissant à reconstruire des villages et des champs. C'était le 61eme Grand Printemps, le second depuis la guerre nucléaire. Grâce aux Mères, leur nombre alla en augmentant à nouveau.

 

La renaissance.

La maîtrise génétique permit de s’installer et de vivre sur les terres les moins radioactives. Pour cela un sinistre cadastre indiquait les parcelles les plus polluées: les terribles «patchs». Le plus gros de la radioactivité, le strontium et le césium, étaient éteinte, mais le neptunium et le plutonium mettraient encore des milliers d’années à relâcher leur mortelle étreinte. Alors on mourait souvent jeune, de cancer ou de leucémie, mais au moins les Mères permettaient la naissance d’êtres parfaitement sains et libres de toute maladie génétique.

Les mères auraient théoriquement permis de repeupler Haralik en quelques années. Mais il fallait éduquer tous ces enfants, de manière à ce qu’ils ne redeviennent pas des phallos. La maladie d’être phallo avait déjà coûté tant de souffrance!! Il fallait l’éradiquer définitivement.

Alors les Mères furent programmées pour assurer l’éducation de base des enfants likpas, qui restait supervisée par des vrais likpas. Et surtout une impitoyable sélection fut faite afin d’éliminer toutes les allèles qui prédisposaient au phallotisme. Ces allèles n’ont pas été effacées, et certaines ont même été réintroduites plus tard, mais seulement si on était sûrs qu’elles ne pouvaient pas mener à une personnalité malade du phallotisme.

Petit à petit les likpas repeuplèrent l'Arnolike. Le pays était maintenant recouvert d'épaisses forêts, mais partout on retrouvait des ruines et des traces de routes ou de champs, témoignant de l'atroce tragédie. Parfois des moignons de béton émergeaient encore des arbres. On retrouva des barrages hydraulikes en bon état, malgré l’absence de surveillance. Mais aucun matériel mécanique ou éliktrique ne restait: seulement des tas de rouille ou d’oxydes. La vie animale aussi avait repris ses droits, mais les grands doudounifères (mammifères), avaient tous disparu, et ils n'ont jamais été retrouvés.

Reconstruire une civilisation à partir de presque rien n’était pas une mince affaire. Il fallut encore un autre grand hiver pour que les likpas reconstituent une population et un tissus industriel. Ce n'est qu'au 62eme grand printemps, mille quatre cent ans après la tragédie, que certaines races envisagèrent de migrer dans leurs pays d'origine, désireuses de retrouver les lieux où leurs ancêtres avaient vécu autrefois.

Ainsi fut lancée l’exploration de Haralik, leur propre planète dont les likpas ne connaissaient même pas un tiers. Des premières explorations avaient déjà eu lieu dès le 61eme grand été. Ce 62eme grand printemps vit donc le lancement d’un survol systématique détaillé de tout Haralik à l’aide de puissants avions à propulsion thermonucléaire. Mais il fallut près de trente ans pour installer un réseau d’aérodromes fortifiés sur toute la planète.

 

Les explorations montrèrent partout les mêmes pathétiques paysages de ruines envahies de végétation. Ainsi, avant la guerre, Haralik avait été entièrement couverte de civilisation moderne, parfois plus avancée que l’Arnolike.

On retrouva les réacteurs démoniaques qui avaient servies à fabriquer l'uranium, le plutonium et les bombes. Il fallut que des vieux se portent volontaires pour recouvrir un des réacteurs qui avait éclaté, et dont la radioactivité continuait à se répandre avec le vent et la pluie. Puis ces tombeaux nucléaires furent scellés à jamais à tout être vivant.

 

Contre toute attente, on retrouva en tout une dizaine de communautés de survivants. Le principal problème que toutes avaient eu à supporter avait été la multiplication de maladies génétiques, dues aux radiations reçues par leurs ancêtres pendant la guerre, puis à la radioactivité chronique du sol pendant des siècles. Chacune avait trouvé une solution originale, ou avait bénéficié de circonstances particulières qui les avaient protégés des retombées radioactives.

Un des cas les plus extraordinaires était celui des likpas tibétains, qui s'étaient régulièrement livrés à la divination pour savoir si une ovulation était propice à la vie ou porteuse de maladie. Ils s'en sortaient bien, avec seulement dix pour cent de malades, alors que leurs phallos, les Gyamilalos qui habitaient un peu plus loin, s’étaient éteints deux siècles après la guerre. Dans ce climat désertique, les ruines de leurs champs et de leurs maisons étaient encore bien conservées, et il en émanait une pitié poignante pour ce peuple disparu, malgré toutes les atrocités qu’ils avaient pu commettre contre les likpas tibétains.

Certaines races furent tout juste sauvées de l’extinction, comme les likpas indiens à cheveux (Mayalikpas). Ils n’étaient plus que douze vieux survivant misérablement dans un village pouilleux, qu'ils n'avaient plus la force d'entretenir. Heureusement ils possédaient d’immenses catacombes où ils conservaient les cheveux de leurs ancêtres, depuis bien avant la guerre nucléaire, ce qui permit de reconstituer facilement la race: les vieux eurent le bonheur de voir renaître les premiers bébés avant de s’éteindre. Ils avaient aussi conservé dans leurs souterrains des millions de disques optiques, sans plus savoir s'en servir, mais qu'ils considéraient toujours comme la mémoire sacrée de leurs ancêtres. Et effectivement ces disques permirent de retrouver presque toute leur civilisation, incluant une quantité fantastique de philosophie, de culture et de musique!

En tout six races de likpas furent préservées à Antakalalik ou retrouvées parmi les survivants, parmi les quatorze réellement connues avant la guerre nucléaire. Ont pu être sauvés les likpas roses à antennes (ceux de Likterre), les rastalikpas, les likpas tibétains à cheveux, les likpas indiens à antennes, les likpas indiens à cheveux, et les babaliks (likpas hippies avec des fleurs dans les cheveux). Mais récits et légendes antiques en mentionnaient plus de soixante.

Mais les likpas dorés, grands architectes, s'étaient tristement éteints quelques années à peine avant que les avions ne survolent leur dernier village. Leurs pauvres restes moisis ne permirent pas de reconstituer des génomes complets. Grands architectes, ils avaient laissé quantité d’immenses ruines qui avaient résisté même aux bombes atomiques. Leurs deux principales villes avaient reçues chacune un coup direct, mais les likpas dorés avaient déjà réparti une grande part de leurs activités à la campagne. Aussi leur communauté s’était bien ressaisie, jusqu’à entreprendre un programme de reconstruction unique pour l'époque. Mais, trois siècles plus tard, ils étaient foudroyés par les maladies génétiques, et ils durent abandonner tout projet. Quand les explorateurs débarquèrent, ils ne trouvèrent que quelques squelettes moisis, tous atteints de maladies génétiques. Ils ne permirent malheureusement pas de reconstituer des génomes complets, les gènes sains étant déjà perdus depuis des siècles. Heureusement, leurs principaux livres de philosophie ont pu être retrouvés dans d'anciennes chambres fortes, et ils inspirent toujours bon nombre de religions actuelles, la musique, le théâtre, la psychologie et les arts martiaux. Certains sont même considérés comme les plus important traités de philosophie jamais écrits.

 

On retrouva aussi des communautés de phallos parmi les survivants. Armés de bâtons ou d’épées, ils n’étaient plus une grande menace. On les laissa donc tranquilles dans des réserves étroitement surveillées, après avoir prélevé sur eux le matériel génétique qui permit de reconstituer les races de likpas correspondantes. Ce qui mena à quelques surprises, comme les Babalics fadas et rigolos, récupérés des phallos punks.

Il apparut à ce propos que la Grande Epidémie avait opéré une fantastique sélection en faveur des likpas. Les communautés de phallos avaient plus de 80% d’enfants likpas, et seules étaient restées phallos celles qui massacraient les likpas à la naissance. Cette coutume barbare leur avait valu de rester misérables et peu nombreux, et elle fut bien entendu interdite immédiatement.

 

Le triomphe des likpas.

L'exploration de Haralik a rapidement permis de jeter les bases d'une nouvelle civilisation planétaire. Les likpas ont entrepris de transformer leur planète en paradis, embellissant les paysages naturels et restaurant l'équilibre écologique là où il avait été détruit, quand c'était possible.

Sachant leur monde désormais à l'abri de toute menace de guerre, les likpas de Haralik se développèrent ouvertement, mais lentement et prudemment, afin de ne pas recréer les conditions d'une réapparition du phallotisme. Quand il en naissait, on les isolait dans des centres où ils pouvaient vivre à leur façon. Leur nombre ne devait jamais plus dépasser les 5%, et il est en constante diminution depuis.

Une des tâches d’urgence a été de reconstituer toute la biodiversité agricole d’espèces cultivables. Environ 17% ont été retrouvées, et aujourd’hui encore il arrive que des légumes perdus ou des épices rares ressurgissent d’un chantier de construction ou de fouilles archéologiques. Par contre il n’y a plus aucun espoir de retrouver les grands animaux qui hantaient autrefois les forêts de Haralik. Seules ont pu être reconstituées quelques espèces dont on avait retrouvé de la laine ou du cuir, comme les moutous (un animal incroyablement hargneux) ou les likornes (vaches à une seule corne, comme les rhinocéros).

 

La reconstitution d’un puissant tissu industriel et économique a permis aux likpas de repeupler entièrement leur planète. Une des premières activités de la Nouvelle Haralik a été l’exploration et la préservation systématique de toutes les ruines. Mais devant le besoin d’espace vital, il fut décidé de ne conserver que les plus poignantes, ou de ne rechercher que les ossements permettant la reconstitution de races. A cette fin des fouilles préventives détaillées sont effectuées systématiquement avant toute construction, et il arrive encore aujourd’hui que le cri de «génome génome» bloque soudain toute activité sur un chantier.

 

Cette force retrouvée permit aux likpas de se lancer enfin dans un des projets qui leur tenait le plus à cœur: l'exploration de l'espace. Pendant plus de trois siècles, des sondes spatiales et des vaisseaux habités se succédèrent sur toutes les planètes du système de Haralik. Même l'épouvantable Haphazer, la planète de braises et de goudron, reçut la visite de puissants robots capables de résister à sa chaleur d'enfer.

Toutefois Bombalik fut l’objet de toute la sollicitude des likpas. En effet il est vite apparu que Bombalik était likformable, et aujourd’hui les colonies comptent déjà des milliers d’habitants. Le climat commence à se modifier et la banquise éternelle qui flotte sur tous ses océans a perdu la moitié de son épaisseur.

 

Les sondes inséminatrices.

Toutefois le projet le plus likpateux fut sans conteste celui des sondes inséminatrices. Dans l'impossibilité de faire des voyages interstellaire habités, mais avec les Mères capables de créer la vie, l'idée s'imposait d'envoyer sur d'autres systèmes des Mères portant seulement des codes génétiques dans des banques de données informatiques. Une fois arrivées sur une planète propice, la Mère entreprendrait alors le likformage de la planète, en y relâchant des bactéries capables de modifier l'environnement. Puis, une fois les conditions réunies, et un écosystème stable établi, elles donneraient naissance aux premiers likpas.

Pour nous auteurs de ce texte, il nous est totalement impossible de savoir si un projet aussi fou a même d'infimes chances de succès. Mais si vous nous lisez c'est qu'il aura réussi. Puissiez-vous vous développer harmonieusement dans la paix et le bonheur, sans jamais laisser le phallotisme prendre un quelconque pouvoir sur vos vies.

 

Témoignage de Doudouna, sept ans, après une visite de Antakaralik.

Aujourd'hui on a été visiter les grottes de Antakaralik avec notre école. J'étais très impressionnée. Toutes ces galeries éclairées avec des toutes petites lampes et ces murs tout noirs c'était terrible et très triste. On a vraiment l'impression que les gens étaient malheureux. On se demande comment ils ont fait pour vivre là-dedans, pour passer toute leur vie sans jamais voir le soleil ou le ciel. J'aurais pas aimé vivre à cette époque. A midi on a mangé la cuisine synthétique. C'était pas très bon. Et encore, on a visité que les parties où les doudounelles peuvent aller. Les parties pour les Likpas on avait vraiment l'impression que c'était tout petit, tout coincé. On a vu aussi les Portes Noires, mais on ne pouvait pas rentrer parce que à l'intérieur c'est écroulé. C'est les Likpas à l'intérieur qui ont ait sauter les galeries pour ne pas attraper la Grande Epidémie.

Quand je serai grande, j'aimerais avoir des enfants, mais avec mon mari, pas quelque chose qu'une machine nous met dans le ventre. Il parait qu'on fera les premières expériences de fécondation naturelle dans cinq cent ans. Mais je serai déjà vieille. Vraiment le nucléaire c'était pas bien. C'était très égoïste d'avoir fait des centrales sans penser que nous on serait malades.

 

 

 

 

Histoire suivante: La fin tragique des Likpas Lyres (Tragédie)

Vers le Troisième Cycle: La fantastique odyssée de la MERE (lisible par tous)

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L'histoire détaillée de Haralik        Page 1