Mado Page 131
Le soir, Mado vient voir ses amies fatiguées, dans la paille qui leur sert de chambre.
-Amie: Mais enfin, Mado, c'est quoi cet endroit?
-Mado: Ceci est officiellement un centre de réhabilitation sociale par le tracail, nouvellement créé. Un de ces endroits où vous entrez un jour, et dont vous ne ressortez jamais. Et si votre famille demande de vos nouvelles...
-Amie: Pas de danger, ils ne me parlent plus depuis que je suis arrivée au Domaine.
-Mado: ... on leur dit que votre dossier a été égaré, ou que vous êtes suicidées, ou mortes dans un accident. Si ils insistent, on leur envoie une perquisition par les Gardes Noirs ou les Gardes Kaki, à la recherche d'éléments subversifs. Peu osent encore demander quoi que ce soit après.
-Amie: Et tu nous a fait arrêter et rentrer dans un tel endroit? Mais t'es dingue!
-Amie: Tu nous as trahies!!
-Mado: Non, car il y a un truc. La châtelaine est une vieille cracugne siphonnée, comme souvent les gens qui ont toujours vécu qu'avec des serviteurs et du pognon. Mais elle fait partie de la famille du Grand Likpa, et ils n'ont pas apprécié de voir Jude détourner sa fortune (Pour eux c'est le pognon qui compte avant tout, peu importe dans quoi il l'investissait, aussi ils sont, bizarrement, solidaires). Alors ils veulent se venger... IL le sait, IL l'a contactée, et IL lui a parlé de faire un pseudo-centre, où on récupérerait le plus possible d'anciens du Domaine, ou du Village du Bonheur, pour faire une sorte de contre-pouvoir, de révolution contre la ville.
-Amie: Hein? Mais c'est hyper dangereux, encore plus que d'aller dans un centre!
-Amie: Je marche pas dans un truc pareil, je veux pas de violence.
-Mado: Oui, c'est un jeu dangereux, mais IL la télécommande, IL lui fait faire ce qu'IL veut. Elle est malade, et elle ne se rappelle plus le lendemain de ce qu'elle a dit la veille... Elle ne dira ni ne fera rien sans SON accord. Elle a embauché les contremaîtres (D'excellentes travailleuses, mais des vraies fachistes) et des gardes (qui sont avec nous), en plus des serviteurs du château (méfiez vous-en, même de celles qui ont l'air gentilles).
-Amie: C'est complètement fou comme plan!
-Mado: C'était le seul moyen de vous faire sortir discrètement. Tous les anciens du Village du Bonheur et du Domaine sont fichés, on en a déjà perdus plusieurs, arrêtés et disparus. Ils ne nous arrêteront pas tous d'un coup, pour éviter d'alerter l'opinion publique, mais vous étiez parmi les prochaines: votre voisine, la folle, préparait un rapport «non intégrable» qui vous aurait envoyés droit dans un camp, un vrai. Ce qui vous a sauvées c'est qu'elle écrit avec plein de fautes, elle n'a pas encore osé l'envoyer. Mais maintenant que le CSPS, le Comité de Salubrité Psycho-Sociale, vous croit en camp, elles ne penseront plus à vous poursuivre.
-Amie: !!
-Mado: Officiellement, on fait une colonie de tracail, dans les usines de la châtelaine, un peu plus au sud sur la côte. Pour eux, c'est une couverture idéale, il y a tant d'accidents dans les usines, ou en mer, ils vous croiront réellement mortes. Très bon aussi pour cacher notre trafic de bateaux, et votre véritable destination. Nous prendrons donc l'autre bateau, dès qu'il sera fini de charger. Vous serez huit doudounelles à bord, plus moi, car je suis trop connue, IL a dit que des flikpates m'ont vue, et ont eu des soupçons. Il est temps que je disparaisse moi aussi. Je quitte donc définitivement ce lieu pour me consacrer pleinement au PROJET.
-Amie: Le PROJET?? et... LUI? De quoi parles-tu, Mado? Tu es devenue complètement folle, je crois.
-Amie: Je crois que tu t'es mise avec eux, et que tu en profites pour dénoncer les anciens du Village!
-Amie: Combien ils te paient, dis?
-Mado: Oui, je comprend, c'est fou comme situation, et vous ne me faites pas confiance, c'est normal. Mais vous verrez tout ça de vos propres yeux, dans deux jours. En attendant je trouverai un prétexte pour ne plus vous envoyer à l'atelier, j'imagines que ça a du être éprouvant pour vous de vous faire harceler moralement toute la journée par ces deux tarées, elles étaient tellement occupées à vous humilier que le travail n'a presque pas avancé, il vaut mieux les laisser seules. Tiens, j'ai une idée, vous allez étudier, j'enverrai chercher des livres à la bibliothèque du château, nous aurons grand besoin de connaissances pour le PROJET.
-Mado: Et enfin, n'essayez pas de vous évader, les gardes (hihi) veillent! Et LUI aussi... Si vous tentez quelque chose, IL le verra tout de suite, et IL nous avertira.
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